Le traitement canalaire communément appelé "dévitalisation" est loin d'être une partie de plaisir; pourtant il occupe une grande partie de l'emploi du temps normal d'un dentiste (je précise normal vu que dans le cabinet A ...). Malgré mes réticences et mon envie permanente de conserver au maximum une dent vivante (surtout une dent de sagesse ...), certains de mes patients pensent que je prends un malin plaisir à "tomber dans la pulpe" quand je nettoie la carie de leur dent et qu'elle est trop proche de le pulpe. Une fois le sort de la pulpe fixé (extermination) reste au patient de revenir et au dentiste de travailler.
Traitement canalairepar Demodentaire
Les longues séances sans bruit laissent toujours du temps à mon esprit de divaguer.
-C'est quand même mieux de travailler sous digue, au moins cette satanée langue vit sa vie, et moi je travaille tranquillement à côté sans me soucier de la salive ou de la contamination bactérienne. Quel plaisir de ne plus avoir à demander au patient de garder la bouche ouverte ...
- Je me dis que quand même c'est un acte hautement érotique. Rien que le mot "pénétrer" dans la pulpe. Au premier passage quand on fait l'effraction dans la pulpe un point de sang apparaît. Puis on passe les limes et racleurs de diamètre croissant et le canal s'élargit jusqu'à pouvoir y placer un cône de gros calibre pour l'obturer.
- Je regarde par la fenêtre pour observer la vie du quartier, contempler le temps pourri, regarder si les bancs sont occupés, si le scooter du dealer est là. Je regarde ce qu'ils font, à quelle heure ils arrivent; jamais le matin. J'observe qui leur dit bonjour, qui s'arrête, qui reste avec eux. Je me demande où ils se réfugient quand il pleut, ou seront-ils cet hiver quand il gèlera. Je regarde les patients suivants arriver ou ceux d'avant partir.
- J'écoute les notes du piano qui émanent d'un des étages, elles me bercent.
- Je pense à mon programme de la journée, au patient d'après, au patient d'avant, au métro du soir, de la gamelle du lendemain, du besoin d'acheter du pain ou de faire les courses, à cette envie d'aller courir.
- Je pense à mon siège et à ma position en me disant que j'ai mal au dos et on est que mardi. Je pense à mon amoureux qui m'a dit ce week-end qu'il m'achèterait une selle parce qu'il ne veut pas que je souffre.
- Je pense à mes futures vacances, aux inscriptions pour les courses de septembre, à l'administratif.
Et puis vient le moment de prendre la radio, me rappeler que derrière cette digue et cette dent se cache un patient (qui s'est endormi parfois) et enfin je brise le silence et tais mes pensées.
-C'est quand même mieux de travailler sous digue, au moins cette satanée langue vit sa vie, et moi je travaille tranquillement à côté sans me soucier de la salive ou de la contamination bactérienne. Quel plaisir de ne plus avoir à demander au patient de garder la bouche ouverte ...
- Je me dis que quand même c'est un acte hautement érotique. Rien que le mot "pénétrer" dans la pulpe. Au premier passage quand on fait l'effraction dans la pulpe un point de sang apparaît. Puis on passe les limes et racleurs de diamètre croissant et le canal s'élargit jusqu'à pouvoir y placer un cône de gros calibre pour l'obturer.
- Je regarde par la fenêtre pour observer la vie du quartier, contempler le temps pourri, regarder si les bancs sont occupés, si le scooter du dealer est là. Je regarde ce qu'ils font, à quelle heure ils arrivent; jamais le matin. J'observe qui leur dit bonjour, qui s'arrête, qui reste avec eux. Je me demande où ils se réfugient quand il pleut, ou seront-ils cet hiver quand il gèlera. Je regarde les patients suivants arriver ou ceux d'avant partir.
- J'écoute les notes du piano qui émanent d'un des étages, elles me bercent.
- Je pense à mon programme de la journée, au patient d'après, au patient d'avant, au métro du soir, de la gamelle du lendemain, du besoin d'acheter du pain ou de faire les courses, à cette envie d'aller courir.
- Je pense à mon siège et à ma position en me disant que j'ai mal au dos et on est que mardi. Je pense à mon amoureux qui m'a dit ce week-end qu'il m'achèterait une selle parce qu'il ne veut pas que je souffre.
- Je pense à mes futures vacances, aux inscriptions pour les courses de septembre, à l'administratif.
Et puis vient le moment de prendre la radio, me rappeler que derrière cette digue et cette dent se cache un patient (qui s'est endormi parfois) et enfin je brise le silence et tais mes pensées.